À la rencontre de Birte Jantzen – Journaliste, bloggeuse (WineBubble) et dégustatrice (Bettane&Desseauve)

2019… une année et une communication ciblée à 200% sur les terroirs de Rasteau ! En effet, avec l’aide de Georges TRUC oenogéologue et Denis Plat, l’A.O.C Rasteau a décidé de parler plus amplement de ses terroirs, que ce soit auprès du Grand Public ou des Professionnels ! Et les occasions ne manquent pas : Aferworks, Master Class, soirées OFF, Salons professionnels comme Prowein ou Découvertes en Vallée du Rhône…

Journaliste indépendante, bloggeuse sur Winebubble et dégustatrice pour le guide Bettane & Desseauve, Birte Jantzen a animé notre Master Class « Rasteau – Terre de Grenache » au Salon ProWein à Düsseldorf en mars dernier. Elle habite Paris depuis une vingtaine d’années et connait très bien la région et les vins de l’appellation Rasteau. C’est pourquoi, nous souhaitions vous faire découvrir cette spécialiste de la Vallée du Rhône.

« J’en avais marre d’être aussi ignorante sur le sujet ! »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : Le vin fait partie intégrante de votre vie. Journaliste indépendante, auteure du blog « Wine Bubble », dégustatrice pour le guide Bettane & Desseauve, comment votre passion pour le vin est-elle née ?

 » Je ne suis pas  issue d’une famille viticole ou vinicole, quoique mes parents ont toujours apprécié le vin, car on a toujours eu l’habitude d’en avoir sur la table. Ce n’était pas leur truc de collectionner les étiquettes, mais nous avons toujours associé le vin à un moment de convivialité et de partage. Ma passion est arrivée sur le tard. C’est venu en France en fait. Et plus précisément en 2011. Avant, je dégustais du vin mais j’étais comme n’importe quel consommateur lambda qui est un peu perdu devant les assortiments de bouteilles qui décorent en général les étagères des magasins. J’achetais un peu au feeling. En 2011, je suis donc allée dans une école de dégustation à Paris qui s’appelle “Grain Noble” que l’on m’avait recommandée parce que j’en avais marre d’être aussi ignorante sur le sujet. Puis mon éducation œnophile s’est poursuivie avec la formation le “Diploma” du “Wine & Spirit Education Trust” (qui est le diplôme dont on a besoin si on veut postuler au cursus Master of Wine). Et là, un nouveau monde (derrière l’étiquette) s’est ouvert à moi et j’en suis tombée amoureuse.

J’ai compris à ce moment-là que c’est un vrai travail avec la nature et pas contre la nature. J’adore les métiers d’artisans et d’artisanat. Et quand on déguste certains vins, pour moi c’est même plus qu’un travail de la terre, c’est de l’artisanat de très haut niveau. Et comme tout artisan, le vigneron s’il veut bien travailler, doit se mettre à l’écoute de sa matière… c’est son terroir, c’est sa vigne. Et là, des choses fabuleuses naissent ».

« Je rêve de m’habiller comme je le souhaite, et ça ne sera pas du tout conventionnel (rires) »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : Originaire d’Hambourg en Allemagne, cela fait maintenant quelques années que vous vivez à Paris. Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir en France et de partager votre savoir dans notre pays ?

 » Je vis maintenant en France puis 1992, donc ça remonte. A l’époque, je n’avais pas du tout la vocation du vin. Je voulais devenir styliste. Je suis une personne qui aime bien mettre les mains dans le cambouis pour apprendre. J’ai donc fait un apprentissage de haute couture. En Allemagne, il n’y avait pas grand chose dans le stylisme. J’avais donc le choix entre la France, l’Angleterre et l’Italie. Mais mon Italien était très approximatif et la France me plaisait bien. Je suis donc venue à Paris et je suis rentrée dans la Chambre Syndicale de la Couture Parisienne, qui est l’école qu’il faut faire si on veut devenir styliste ou si on veut rentrer dans les métiers manuels de la mode. J’ai fait mon apprentissage de haute couture chez Christian Dior. Par la suite, j’ai continué mon cursus avec des jeunes créateurs qui ont eu la même philosophie de travail. C’était fabuleux. J’ai beaucoup de respect pour les artisans, et surtout les artisans à très haut niveau, parce que ce n’est pas quelque chose qui  vient naturellement. C’est un travail très dur. Il faut être patient. J’ai travaillé dans ce domaine-là pendant un certain nombre d’années. Sans sauter le pas de la création. J’ai fait un peu de costumes de théâtre, ou des choses pour moi, mais je rêve toujours d’avoir un jour un appartement assez grand pour pouvoir installer un atelier et m’habiller comme je le souhaite. Et ça ne serait pas du tout conventionnel !! (rires) ».

« Un vin peut exprimer un endroit, un vigneron, et si on a de la chance, les deux ! »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : Pensez-vous que le vin ait « la gueule » du vigneron qui le fait ? Avez-vous un exemple à nous donner ?

 » Effectivement certains vins ont “la gueule” du vigneron qui le fait. Ça m’est arrivé en dégustation professionnelle de déguster des vins et j’avais l’impression d’avoir une personne devant moi. Pour anecdote : J’ai commencé à échanger avec les gens autour de la table qui n’étaient pas le vigneron. Et j’ai commencé à poser des questions et à deviner la philosophie de vie de ce vigneron. Les gens me regardaient de manière déconcertée et me demandaient si je le connaissais … mais non ! Certains vins expriment cela en effet. Ils peuvent exprimer un endroit, un vigneron, et si on a de la chance, les deux ! « 

« Même si on fait 80% du vin à la vigne, l’interaction de la vigne avec l’Homme est importante ! »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : Est-ce que vous avez eu ce sentiment à Rasteau ?

 » Oui, par exemple au Domaine du Trapadis avec Helen Durand. La première fois que j’ai dégusté ses vins, je me suis dit “tiens cette personne travaille comme un bourguignon”. A ce moment-là, je ne connaissais pas encore Helen et j’ai appris par la suite qu’il avait fait une partie de son parcours en Bourgogne. J’ai trouvé très amusant ce lien que l’on peut faire entre un vigneron et ses vins qui ont, quelque part, pris sa philosophie. Même si l’on fait 80% du vin à la vigne, il y a quand même l’interaction de la vigne avec l’homme ».

« A Rasteau, il y a un vrai terroir à Vins Doux Naturels ! »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : En plus d’être auteure du blog « Wine Bubble » et « experte » sur les vins de la Vallée du Rhône, vous animez régulièrement à des Master Class. Vous avez par exemple animé la Master Class « Rasteau – Terre de Grenache » en mars dernier au salon ProWein. Que pouvez-vous nous dire de la singularité du terroir de Rasteau ?

 » Ce que je trouve super dans les terroirs de Rasteau c’est qu’ils sont répartis en trois zones vraiment distinctes. Et ces trois zones-là, on peut les retrouver en dégustation. Le terroir de Rasteau est un des terroirs les plus ensoleillés de toutes les appellations de la Vallée du Rhône Sud. Mais ce qui est vraiment spécifique à Rasteau, c’est qu’il y a aussi un vrai terroir à Vins Doux Naturels. Malheureusement, les VDN n’ont pas vraiment la côte…Les vignerons qui produisent des VDN sont – on peut le dire – courageux. Il faut que l’appellation se batte pour faire connaître un peu plus les VDN car ils font avant tout partie de la culture locale de l’appellation ».

« A Rasteau, il y a un triptyque de terroirs ! »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : Rasteau est un des Crus de la Vallée du Rhône. Quelle est sa spécificité ? Qu’est-ce qui vous plait dans les vins de l’appellation ? Et qu’est-ce qui les rend uniques ?

 » Ce qui les rend uniques, c’est notamment la diversité des terroirs. Il y a un triptyque de terroirs et c’est magnifique. On peut vinifier de manière très diverse ! De plus, le Grenache est très gourmand, plein de fraicheur et de finesse. C’est vrai qu’avec un Helen Durand ou un Domaine Wilfried en bas et un Domaine des Escaravailles tout en haut, il y a une jolie palette d’interprétations différentes. C’est un peu comme un nuancier ! Et évidemment, ce qui vous rend unique sont les VDN ! Je suis vraiment une fan de VDN ! On peut faire de super associations et de super accords mets et vins. Mais c’est quelque chose qui mérite qu’on le réexplique un peu plus et qu’on le remette sur les tables, aussi inhabituel soit-il. Mais justement, il faut cultiver un peu l’originalité de ce type de vins ! »

« Rasteau gagne de plus en plus en précision et en finesse ! »

Birte Jantzen

A.O.C Rasteau : En 2010, l’appellation a obtenu le statut de cru. En 2020, Rasteau fêtera donc les 10 ans du Cru. Comment a évolué l’appellation et quel avenir voyez-vous pour l’appellation ?

 » Alors pour moi, au fur et à mesure des années, Rasteau gagne de plus en plus en précision et en finesse. Mais il faut continuer à le travailler et aller vers l’excellence parce que tout le monde autour s’améliore. Il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers et se dire “ça y’est, on a le statut de Cru, c’est bon”.  Il faut continuer à jouer dans l’excellence et montrer le terroir de Rasteau et le talent de ses vignerons. C’est bien qu’une appellation comme Rasteau puisse apporter sa pierre à l’édifice d’une vraie identité qualitative et haut de gamme des Côtes du Rhône Sud. Cela me fait plaisir parce que l’appellation a de super endroits, de super terroirs ».

A.O.C Rasteau : Des futurs projets ?

 » Oui mais ça reste encore secret !  » 

Merci Birte d’avoir accepté cet échange afin de nous parler de vous et aussi de votre rapport à l’appellation Rasteau !

Si vous souhaitez en découvrir davantage sur les activités de Birte Jantzen, vous pouvez vous rendre sur son blog  Winebubble !


Par ELISE BUIS

Crédits Photos : Copyright © A.O.C Rasteau