Une main dans les vignes, une autre dans la terre et un œil vers le ciel.

Quand le printemps prend place, l’atmosphère se réchauffe à Rasteau. C’est le réveil de la vigne, le démarrage d’un nouveau cycle qui s’achèvera par les vendanges. La vigne nous dévoile ses bourgeons, fait naître ses premières feuilles et sa sève circule à nouveau. Elle se développe vite et ses besoins sont divers à l’arrivée des beaux jours ! Il est temps, pour les vignerons, de les bichonner pour obtenir les plus belles grappes durant la récolte prévue en septembre.

La taille prend fin (retrouvez l’article dédié à la taille), mais le travail des vignes et de la terre est loin d’être achevé.

À cette période d’avril et mai, les vignerons effectuent de nombreux travaux et leur savoir-faire contribue au bon développement de la vigne. Du labourage des rangs à la sélection des meilleurs bourgeons, chaque geste compte pour avoir des raisins de grande qualité pour le futur millésime !

Une main dans les vignes…

Vers le mois d’avril, les premiers bourgeons sortent et les vignerons peuvent commencer ce qu’on appelle les opérations en vert. Cela englobe tous les travaux effectués sur les ceps en végétation jusqu’aux vendanges. Ces travaux permettent, entre autre, de garantir la qualité des raisins à venir, de contrôler le rendement des vignes ainsi que d’éviter la propagation d’éventuelles pourritures et maladies.

L’ébourgeonnage & épamprage

C’est la première opération en vert. Après la taille, d’autres bourgeons que ceux laissés volontairement peuvent se développer sur les ceps. L’ébourgeonnage s’effectue sur les rameaux non fructifères dans la tête de souche, souvent c’est un dédoublage des rameaux  tandis que l’épamprage s’effectue sur la base du tronc de la vigne. C’est ce qui les différencie.

Ce travail consiste alors à couper certains bourgeons naissants ou des jeunes pousses inutiles. En effet, ces derniers risquent de puiser inutilement l’énergie et les sucres de la sève empêchant les belles grappes, à en devenir, d’en bénéficier. L’objectif est de réduire le nombre de futures grappes et sélectionner les meilleurs rameaux afin de favoriser la qualité à la quantité et obtenir les meilleurs raisins. Cela permet aussi d’aérer la vigne et lui offrir les meilleures conditions de développement.

C’est un travail long et fastidieux pour les vignerons, surtout si la tâche est accomplie manuellement, mais elle est primordiale à la future qualité du vin.

Le rognage & l’écimage

Ce travail s’effectue également sur les rameaux de la vigne. L’écimage consiste à supprimer les extrémités des rameaux à la cime de la plante poussant vers le haut tandis que le rognage s’effectue sur les rameaux poussant vers les côtés.

Au même titre que l’ébourgeonnage et l’épamprage, ces techniques permettent de ralentir la pousse de la vigne, favorisant ainsi l’alimentation du raisin. Elles apportent aussi moins d’ombre aux autres ceps de vigne et limitent l’exposition aux maladies. Les vignerons appliquent ces travaux en fonction du vin qu’ils souhaitent obtenir et leur savoir-faire est alors très important à cette étape.

L’effeuillage

Comme son nom l’indique, c’est un travail qui s’effectue sur les feuilles. L’effeuillage commence en même temps que le rognage et consiste à enlever une partie des feuilles, notamment autour de la grappe en sorte que la grappe soit aérée et s’acclimate à la chaleur du soleil pour une meilleure maturation et pour éviter le développement de pourritures. En plus, l’effeuillage facilite la cueillette manuelle.

Le palissage

Cette technique consiste à maintenir les branches de la vigne sur des fils de fer maintenus par des piquets. Le fait de guider sa pousse dans la direction voulue permet à la vigne d’être aérée et d’être idéalement exposée au soleil. Une fois la plante palissée, les vignerons attachent la vigne aux fils de fer le plus bas (l’attachage) pour un meilleur maintient et éviter que la vigne ne se développe trop. Ensuite, les rameaux ayant bien poussé seront à leur tour attachés aux fils de fer (l’accolage). Pour finir, les rameaux sont glissés entre les deux fils de fer du palissage afin d’éviter que la vigne ne pousse dans toutes les directions (le relevage). Les piquets et fils de palissage abîmés sont aussi remplacé à cette période de l’année.

À Rasteau, le cahier des charges comporte des mentions spécifiques quant aux règles de palissage et hauteur de feuillage.

Pour les vins tranquilles, le cépage syrah N est obligatoirement conduit, soit sur échalas, soit en palissage plan relevé avec, dans ce dernier cas, au minimum un fil porteur et un niveau de fils releveurs.

Pour les vins tranquilles ainsi que les vins doux naturels :

  • Si les vignes sont conduites en cordon de Royat, la hauteur maximale du cordon est de 0,65 mètre, cette hauteur étant mesurée à partir du sol jusqu’à la partie inférieure des bras de charpente.
  • Si les vignes sont conduites en mode «  palissage plan relevé », la hauteur de feuillage palissé, après écimage, doit être au minimum égale à 0,45 fois l’écartement entre les rangs, la hauteur de feuillage palissé étant mesurée entre la limite inférieure du feuillage établie à 0,30 mètre au moins au-dessus du sol et la limite supérieure de rognage établie à 0,20 mètre au moins au-dessus du fil supérieur de palissage.
  • Pour les autres de modes de conduite, la longueur des rameaux, après écimage, est supérieure ou égale à 0,70 mètre.

L’égrappage

L’égrappage consiste à supprimer une partie des grappes encore vertes sur les souches trop chargées. Cela permet d’obtenir des raisins de meilleure qualité et de répondre aux objectifs de production ou aux capacités de la plante. Elle vient compléter, plus tardivement, le travail effectuer au préalable sur les bourgeons, soit l’ébourgeonnage, l’épamprage, l’écimage et le rognage.

Le traitement

Au printemps, le vigneron peut avoir recours à différentes phases de traitement sur sa vigne. Rasteau bénéficie d’un climat plutôt privilégié. En effet, le soleil, l’absence de pluie et le vent vont limiter les contaminations de nos vignes. Le nombre de traitements est réduit grâce à ce climat. Cependant, il faut rester vigilant car les rameaux sont jeunes et encore fragiles.

Le vignoble doit être préservé contre le développement de certaines maladies telles que l’oïdium, le mildiou ou le botrytis. Ce sont des problèmes à prendre en considération et il faut pouvoir mettre en place des alternatives si celles-ci sont amenées à se développer.

La totalité de ces travaux va favoriser la fructification en améliorant l’ensoleillement et l’aération des grappes et va permettre également de limiter le développement de maladies.

…Une autre dans la terre…

Avec le retour des beaux jours, la verdure revient sur les vignes et sur le sol. Il faut donc prendre soin de la terre. Diverses opérations vont être appliquées pas les vignerons. Ce sont eux qui déterminent le type d’entretien à apporter à leurs vignes tout en respectant le cahier des charges de l’appellation Rasteau. Dès le début du printemps, les premiers gestes sont destinés au sol.

Le débuttage

C’est la suppression des amas de terre placés sur les vignes en hiver pour les protégés du froid (le buttage). La terre est donc répartie une nouvelle fois sur le sol.

Le labourage et le désherbage

Les vignerons labourent entre les rangs de vignes pour désherber et aérer la terre. Il existe aussi diverses façons de désherber : chimique, mécanique, thermique… C’est le travail du sol à proprement parler et elle permet aussi d’éviter que l’herbe ne puise l’eau et les nutriments nécessaires au bon développement des vignes.

L’enherbement

Contrairement au labourage, cette technique consiste à laisser la végétation ou la placer volontairement entre les rangs et permettra ainsi de réduire la productivité des pieds afin qu’ils donnent des fruits de meilleure qualité. Cela peut permettre également de favoriser la nutrition des sols pour favoriser la vigueur de la plante à ses racines.

La plantation et le repiquage

Enfin, c’est également en cette saison que les vignerons vont arracher les ceps trop vieux, en replanter de nouveaux.

A Rasteau, le cahier des charges de l’appellation indique que le pourcentage de pieds de vigne morts ou manquants visé à l’article D. 645-4 du code rural et de la pêche maritime, est fixé à 20 %.

…. Et un œil vers le ciel.

De plus, il est important pour les vignerons de porter une attention particulière à la météo qui peut parfois réserver de mauvaises surprises. Un gel tardif ou un orage de grêle peuvent avoir des conséquences irréversibles sur les vignes.


Le métier de vigneron est divers, demande un savoir-faire technique et une bonne connaissance de son environnement et de la nature. Au printemps et tout au long de l’année, chaque geste compte et chaque décision apportera une touche supplémentaire au résultat final du vin.


Par MINA TARDIEU