Quand les brebis s’invitent dans les vignes… les nouvelles pratiques d’entretien des sols

Des brebis dans les vignes, à quoi ça sert ? Depuis quelques années des pratiques d’entretien du sol écologiques font leur entrée, voire retour dans les vignobles. Pendant de nombreuses années, le désherbage chimique était vu comme LA solution miracle pour désherber les vignes. Aujourd’hui, que ce soit pour pallier aux restrictions d’utilisation des herbicides ou par volonté de préserver la biodiversité du sol, le travail du sol, les couverts végétaux ou encore l’agropastoralisme deviennent des options de plus en plus pratiquées dans les vignes.

Le désherbage mécanique, une alternative au désherbage chimique

Le désherbage mécanique a pour objectif de détruire l’herbe présente en inter-rang et/ou sur les rangs de vignes. Cela permet de limiter la concurrence pour l’eau et les éléments nutritifs.

Bien que l’objectif principal soit le désherbage, le travail du sol a aussi de nombreux autres avantages. Il agit notamment sur la résistance à la sécheresse et la capacité de rétention d’eau par les sols. En effet, en décompactant les sols, le travail du sol permet d’accroitre leur capacité de rétention d’eau. D’autre part, en favorisant le développement des racines de la vigne en profondeur, celles-ci deviennent plus résistantes à la sécheresse.

Bien que le travail du sol soit une alternative au désherbage chimique, il est important de le raisonner. En effet, couteux en main d’œuvre et en matériel, il peut aussi accroitre les risques d’érosion ou porter atteinte à la vie biologique des sols (Ecophytopic, 2013).

Les couverts végétaux

L’engrais vert ou couvert végétal, c’est une culture secondaire composée d’une ou plusieurs espèces choisies. Ce couvert joue plusieurs rôles comme par exemple la protection des sols ou encore l’enrichissement des sols en matière organique et en minéraux.

En viticulture, les engrais verts sont généralement semés au moment des vendanges ou juste après, et sont détruits avant la floraison au printemps. Ils agissent donc durant la phase de repos de la vigne en capturant et en stockant les éléments nutritifs essentiels à la vigne. Une fois fauchés, les couverts se dégradent et restituent au sol les éléments nutritifs nécessaires à la vigne pour sa phase de croissance. Ils jouent aussi le rôle de paillage, ce qui permet de maintenir une certaine humidité sur le sol et de limiter l’évaporation du sol.

En fonction des espèces semées, les éléments nutritifs apportés à la vigne ne sont pas les mêmes. Par exemple, les légumineuses sont privilégiées pour apporter de l’azote grâce à leur capacité à capter l’azote de l’air. Les graminées, permettent de limiter la perte de fertilité du sol en absorbant les minéraux pendant la période de dormance de la vigne. Les crucifères quant à elles, ont la capacité de rendre disponible le potassium et le phosphore initialement non assimilable par la vigne.

Chaque espèce ayant ses atouts et ses faiblesses, il est donc conseillé de semer des mélanges pour chercher la complémentarité des espèces et sécuriser le couvert.

Chaque vigneron a la liberté de réaliser les couverts à sa convenance mais les formes les plus couramment utilisées sont l’enherbement sur tous les rangs ou un rang sur deux (Dupoty I., Viron A., Bécart V. L’Helgoualch E., 2019).

Tout comme les couverts végétaux, le vitipastoralisme a le vent en poupe. En effet, c’est une pratique agroécologique alternative aux herbicides voire même au travail du sol.

Que ce soit dans les vignes en gobelet ou dans les vignes en cordon de Royat sur fils, les brebis peuvent circuler aisément entre les rangs. Elles peuvent donc pâturer à la fois l’inter-rang et le rang.

Généralement, les brebis sont introduites dans les vignes à l’automne ou à l’hiver jusqu’à la fin de la période de repos végétatif de la vigne (février – mars).

Le pâturage des brebis permet de décaler le premier passage de travail du sol, voire d’éliminer le travail du sol sur l’inter-rang en maintenant un enherbement naturel. En pâturant, les brebis vont consommer les adventices, limiter les passages de travail du sol ou encore d’herbicide, ce qui favorise la diversité faunistique et floristique des parcelles.

Cette alternative nécessite tout de même un peu de logistique : il faut s’équiper de filets mobiles afin de clôturer les parcelles de vignes où les brebis pâturent et d’une batterie. Il faut aussi mettre en place un point d’eau voire un abri. De plus, lorsque l’herbe n’est pas présente en quantité suffisante, il faut avoir à proximité d’autres ressources fourragères (Produire Bio, 2020 ; Rose F. 2020).

Vous retrouverez un autre exemple de vitipastoralisme à Rasteau sur notre Visuel institutionnel 2022.


Pour conclure, il existe différents moyens de limiter les adventices (plus communément appelées « mauvaises herbes ») dans les parcelles de vigne. Aucune solution n’est LA solution miracle mais c’est en combinant des techniques et en les adaptant à la vigne, au terroir… que les viticulteurs.trices/ vignerons.nnes peuvent préserver un équilibre dans leurs vignes et préserver la biodiversité.

Sources :

Dupoty I., Viron A., Bécart V. L’Helgoualch E., 2019 – Les couverts végétaux font de nouveaux adeptes

Ecophytopic, 2013 – Désherbage mécanique

Produire Bio, 2020 – L’agropastoralisme en viticulture : une aide à la gestion de l’enherbement

Rose F. 2020, Gestion de l’herbe – Des moutons à la rescousse


Par EMILIE RACHENNE